lundi, mai 29, 2006

Mes valises toujours à la main


Je ne sais pas si j'ai fait le bon choix, le choix de passer l'année prochaine à Vienne. Je ne sais plus où est mon chez moi, je ne sais plus où j'appartiens, si vraiment tout ira mieux là-bas, si je serais peut-être plus heureuse en France. Je ne peux pas me décider vraiment, mais j'ai choisi la possibilité la plus facile, la moins compliquée, mais est-ce vraiment la meilleure ?

Frissonnant dans mon manteau, je dors encore debout,
Mes valises déjà à la main.
Malgré tout le café, les yeux pas en face des trous,
J‘essaie de me faire au lendemain.
Je revois la nuit passée comme à travers un voile épais
Et son nom me revient,
Puis quel qu‘un me crie «Allez, il est grand temps» et je m‘en vais,
Mes valises toujours à la main.

Une journée nouvelle, une page blanche à remplir.
Quelque train m‘emmène quelque part.
Vers d‘autres villes, d‘autres espoirs, d‘autres souvenirs,
Vers une rencontre de hasard.
Sans les jamais, sans les toujours, une rencontre à temps perdu,
Sans hier, sans lendemains.
Et dans quelques heures je repartirai vers l‘inconnu,
Mes valises toujours à la main.

C‘est toujours un retour et un départ en même temps.
Sans reproches, sans malentendus.
Sans regrets, sans chagrins, sans être surpris en pensant
Adieu en disant bienvenue.
Car les déceptions seront vite oubliées dans la poussière,
Sur les bords des chemins.
Et il est bien trop tard pour regarder encore en arrière,
Les valises déjà à la main.

Demain, avant que ne vienne l‘aube, je m‘en irai,
Que je le veuille ou non,
En gardant un souvenir amer. Je ne sais
Si c‘est grâce ou bien malédiction
De devoir s‘arracher pour rechercher une destinée,
Que jamais on n‘atteint.
Peut-être est-ce ma soif de liberté qui me fait errer
Les valises toujours à la main?

Reinhard Mey

Reinhard Mey - Mes valises toujours à la main (mp3)

jeudi, mai 18, 2006

Ballade du concours de Blois / Verehrt und angespien

Pour le texte de Villon ... il date de 1400 et un peu, donc ce n'est pas ce dont on a l'habitude [l'orthographe a quand même changé un peu au cours des derniers siècles]
Für die nicht Frankophonen : der französische Text ist aus dem Mittelalter, seit damals hat sich die Orthographie doch etwas geändert ... Der deutsche Text ist Kinskis Bearbeitung der Nachdichtung von Paul Zech, also nicht immer wortwörtlich korekt. Aber den Sinn triffts auf den Punkt.

Je meurs de seuf auprès de la fontaine, / Chaud comme feu, et tremble dent à dent ; / En mon pays suis en terre lointaine ; / Lez un brasier frissonne tout ardent ; / Nu comme un ver, vêtu en président, / Je ris en pleurs et attends sans espoir ; / Confort reprends en triste désespoir ; / Je m'éjouis et n'ai plaisir aucun ; / Puissant je suis sans force et sans pouvoir, / Bien recueilli, débouté de chacun.

Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ; / Obscur, fors ce qui est tout évident ; / Doute ne fais, fors en chose certaine ; / Science tiens à soudain accident ; / Je gagne tout et demeure perdant ; / Au point du jour dis : " Dieu vous doint bon soir ! " / Gisant envers, j'ai grand paour de choir ; / J'ai bien de quoi et si n'en ai pas un ; / Echoite attends et d'homme ne suis hoir, / Bien recueilli, débouté de chacun.


Vor vollen Schüsseln muß ich Hungers sterben, / am heißen Ofen frier ich mich zu Tod, / wohin ich greife, fallen nichts als Scherben, / bis zu den Zähnen reicht mir schon der Kot. / Und wenn ich lache, dann habe ich geweint, / und wenn ich weine, bin ich froh, / daß mir zuweilen auch die Sonne scheint, / als könnte ich im Leben ebenso
zerknirscht wie in der Kirche niederknien... / ich, überall verehrt und angespien.

Nichts scheint mir sichrer als das nie Gewisse, / nichts sonnenklarer als die schwarze Nacht. / Nur das ist mein, was ich betrübt vermisse, / und was ich liebte, das hab ich umgebracht. / Selbst wo ich dachte, daß ich gestern war, / bin ich erst heute abend zugereist. / Da, von meinem Schädel ist das letzte Haar
zu einem blanken Mond vereist. / Ich habe nicht ein Hemd, es anzuziehn... / ich, überall verehrt und angespien.

François Villon / Klaus Kinski

mardi, mai 16, 2006

К***



Ich konnte der Versuchung nicht widerstehn, den gesamten russischen Text zu posten. Das Ganze jetzt nicht aus aktuellem Anlass, sondern weil ich kürzlich an einen Freund denken musste, der mir einmal justament dieses Gedicht rezitierte. Und es ist wirklich wunderschön.
Hier der Beweis:

Я помню чудное мгновенье:
/ Передо мной явилась ты, / Как мимолетное виденье, / Как гений чистой красоты.

В томленьях грусти безнадежной, / В тревогах шумной суеты, / Звучал мне долго голос нежный / И снились милые черты.

Шли годы. Бурь порыв мятежный / Рассеял прежние мечты, / И я забыл твой голос нежный, / Твои небесные черты.

В глуши, во мраке заточенья / Тянулись тихо дни мои / Без божества, без вдохновенья, / Без слез, без жизни, без любви.

Душе настало пробужденье: / И вот опять явилась ты, / Как мимолетное виденье, / Как гений чистой красоты.

И сердце бьется в упоенье, / И для него воскресли вновь / И божество, и вдохновенье, / И жизнь, и слезы, и любовь.


Ich denk der wundervollen Stunde, / Als du mir im Vorübergehn / Von reiner Schönheit brachtest Kunde / Und ich Vollkommenheit gesehn.

Mit hoffnungsloser Trauer ringend / Im Lärme der Vergänglichkeit, / Hört deine Stimme zart ich klingen, / War mir dein Blick Geleit.

Die Jahre gingen. Sturmeswinde / Vertrieben meinen frühen Traum, / Und ich vergaß der zarten Stimme, / Des holden Blicks gedacht ich kaum.

Im Dunkel zogen, still und trübe, / Die Erdentage nun dahin, / Ich lebte ohne Gott und Liebe, / Und ohne Tränen, ohne Sinn.

Doch schlug mir wiederum die Stunde, / Als nochmals im Vorübergehn / Du mir von Schönheit brachtest Kunde / Und ich Vollkommenheit gesehn.

Das Herz, es schlägt im Rausche wieder, / Von neuem ich erstanden bin, / Mit mir das Göttliche, die Liebe, / Begeistrung, Tränen, Leben, Sinn.

Александр Пушкин / Christoph Ferber


Andere Übersetzungen hier.

samedi, mai 13, 2006

T'es beau


T'es beau,
T'es beau parce que t'es courageux,
De regarder dans le fond des yeux,
Celui qui te défie d'être heureux.

T'es beau,
T'es beau comme un cri silencieux,
Vaillant comme un métal précieux,
Qui se bat pour guérir de ses bleus.

C'est comme une rengaine,
Quelques notes en peine,
Qui forcent mon coeur,
Qui forcent ma joie,
Quand je pense a toi,
A présent.

[...]

Toi qui sors de scène,
Sans armes et sans haine,
J'ai peur d'oublier,
J'ai peur d'accepter,
J'ai peur des vivants,
A présent.

T'es beau...

Pauline Croze

mardi, mai 09, 2006

Le devoir de mémoire

La dernière fois dans le train Salzbourg-Villach. Un homme âgé d'environ 85 ans en face de moi, il commence à me parler, d'abord des choses normales, le temps "ah, qu'il fait beau aujourd'hui, non ?", puis me demande ce que je comptais faire comme études. Moi: "Sciences Politiques et Histoire". "Histoire, pourquoi sa ?", il me demande, " de toutes manières ils vous infiltrent que des mensonges, et la politique, pff, que des hypocrites sous la dictature des juifs et des américains !" Je l'ignore le reste du voyage (2 heures), je n'ai pas envie de discuter la Seconde guerre Mondiale avec quelqu'un qui n'a rien appris de l'histoire qui, dans le cas de cette homme, est son histoire à lui aussi. Pour ce vieil homme du train, j'ai même pitié, il a grandi dans le national-socialisme, il n'a jamais rien connu d'autre, l'antisémitisme, le rassisme, le nationalisme sont devenus tout à fait naturels pour lui. Ce ne sont pas des personnes comme lui,qui ont déjà vécu leur vie, qui sont dangereuses. Non, ce sont les jeunes qui commettent les mêmes erreurs que leurs arrière- et arrière-arrière-grandparents, des jeunes qui se font guider par la peur, par la haine. Je crains que l'histoire n'a pas réussi à nous apprendre quelque chose, à nous faire évoluer. On oublie trop vite.

Le devoir de mémoire - Des brûlures de l'histoire !


A l'usure des brûlures de l'histoire
l'histoire !
A l'homme mature, on eût pu y croire
y croire
A mesure des brûlures de l'histoire
l'histoire !
A l'homme mature, c'est sûr on ne peut plus y croire...
Qu'a-t-on fait du devoir de mémoire ?
faut croire !
Que pas assez connurent l'abattoir
histoire !
De crever pour des idées illusoires
faut croire !
Que le passé de l'homme est sans cesse recommencé...

Extermination
ce n'est pas loin !
Discrimination
retiens le mot nation !
Collaboration
ce n'est pas loin !
Attention sinon
hier sera demain !
Le devoir de mémoire - Des brûlures de l'histoire !

A ceux qui croient au front national
question !
Se souviennent-ils de la solution
finale !?
Car en 33, ce genre d'idéal
réponse !
En 45, ce n'étaient que morts par millions...
A ceux qui disent préserver Marianne
c'était !
En la violant de sa fraternité
son âme !
A ceux qui passent vite du coq à l'âne
pour des !
Idées qui sont à court terme le son du canon...

39/45 c'est pas loin, 39/45, c'est demain,
Non on n'est à l'abri de rien...
39/45 c'est pas loin, 39/45 ces deux mains
qui se sont transformées en poings !
Quand on s'aperçoit que des anciens votent Le Pen, la peine !
On s'aperçoit de toute la connerie humaine...
Des résistants de la dernière heure,
plus précisément des tondeurs qui oublient ce que la vie enseigne.
Paris, non Paris ne s'est pas libéré par lui-même.
Au moins retenons un point : tout le prix de la haine...
Le devoir de mémoire - Des brûlures de l'histoire

A ceux qui sont tombés pour la France
tombés !
Quand les Français criaient "vive Pétain"
putain !
Des Jean Moulin dans la résistance
comptez !
Y en avait sous Vichy que les miliciens...
Aux étrangers tués sur nos plages
donnés !
Aux mitrailleuses pour nos vies nos li-
bertés !
Les Trente Glorieuses les combats passés
passés !
Ils tournent la page et gueulent q'ils repartent à la nage...

La Ruda Salska

lundi, mai 08, 2006

Neu

Garantiert nichtgeklaute Texte von mir (und ja, ich kann nicht nur Songtexte kopieren !) gibt es ab jetzt
hier.

jeudi, mai 04, 2006

Hexagone


Ils s'embrassent au mois de Janvier,
car une nouvelle année commence,
mais depuis des éternités
l'a pas tell'ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
y a qu'le décor qui évolue,
la mentalité est la même :
tous des tocards, tous des faux culs.

Ils sont pas lourds, en février,
à se souvenir de Charonne,
des matraqueurs assermentés
qui fignolèrent leur besogne,
la France est un pays de flics,
à tous les coins d'rue y'en a 100,
pour faire règner l'ordre public
ils assassinent impunément.

Quand on exécute au mois d'mars,
de l'autr' côté des Pyrénées,
un arnachiste du Pays basque,
pour lui apprendre à s'révolter,
ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
de cette immonde mise à mort,
mais ils oublient qu'la guillotine
chez nous aussi fonctionne encore.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment,
et le roi des cons, sur son trône,
j'parierai pas qu'il est all'mand. [...]

En Novembre, au salon d'l'auto,
ils vont admirer par milliers
l'dernier modèle de chez Peugeot,
qu'ils pourront jamais se payer,
la bagnole, la télé, l'tiercé,
c'est l'opium du peuple de France,
lui supprimer c'est le tuer,
c'est une drogue à accoutumance.

En décembre c'est l'apothéose,
la grande bouffe et les p'tits cadeaux,
ils sont toujours aussi moroses,
mais y a d'la joie dans les ghettos,
la Terre peut s'arrêter d'tourner,
ils rat'ront pas leur réveillon;
moi j'voudrais tous les voir crever,
étouffés de dinde aux marrons.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
on peut pas dire qu'ca soit bandant
si l'roi des cons perdait son trône,
y aurait 50 millions de prétendants.

Renaud